PHYTO MAGAZINE le magazine de Phytomania

NUMERO 7

Dans ce magazine :

Badiane, anis étoilé, législation

Arganier et huile d'argan

La Rue, plante médicinale

Sommaire Numero 7



L'ARGANIER, ARGANIA SPINOSA, ET L'HUILE D'ARGAN.

Quand on suit la cote atlantique vers le sud du Maroc en direction d'Agadir, la végétation devient de plus en plus xérophytique, épineuse et clairsemée reflétant la sécheresse chronique du sud marocain. Au sud de l'oued Tensift apparaissent les premiers arganiers, des arbres tordus, très épineux qui semblent juste survivre sur les pentes arides et caillouteuses des premiers contreforts de l'atlas. Bientôt ces arbres sont omniprésents, c'est l'arganeraie du sud du Maroc.
Les spécialistes parlent de forêt d'arganier mais cela ressemble plus à une savane, les arbres sont dispersés, ce sont souvent des rejets de souches, beaucoup semblent morts ou mourants, un paysage plutôt désolé.
Il y a un siècle, l'arganeraie était beaucoup étendue (un million d'hectares contre environ 800 000 maintenant), les arganiers de plaine, dont celle du Souss, étaient de grands arbres.
L'exploitation intensive de ces arganiers pour le charbon de bois, leur arrachage pour permettre des cultures industrielles, l'augmentation importante de la population rurale et le surpâturage sont en train de faire disparaître l'arganeraie marocaine ( environ 600 hectares de moins chaque année).
L'arganier, une espèce d'origine tropicale (sapotaceae), est un survivant végétal d'une époque ou le Maroc était plus humide. L'arbre s'est adapté à la sécheresse chronique et au sol pauvre en développant un réseau de racines très important et très profond associé à des mycorhizes (champignons saprophytes). Pour les agronomes, l'arganier est pratiquement irremplaçable pour la conservation des sols et des pâturages ainsi que pour la lutte contre l'érosion et la désertification progressive du sud marocain.

L'arganier est un arbre aux nombreux usages : ses feuilles et ses fruits sont consommés par les chèvres et les moutons, éventuellement les dromadaires, son bois est de très bonne qualité et l'amande des fruits contiennent une huile alimentaire et cosmétique.
A l’iniative du gouvernement marocain, et avec l'appui d'ong internationales, des tentatives de reboisements ont été entreprises, sans grands résultats jusqu'à présent.

Depuis 1996 les coopératives TARGANINE animées par des femmes marocaines, principalement berbères, extraient et commercialisent cette huile d'argan.
C'est une source de revenu appréciable et c'est aussi, pour ces femmes, un moyen de se libérer de la tutelle masculine (1).

L'ARGANIER ET L'HUILE D'ARGAN

Le fruit de l'arganier, Argania spinosa, ressemble à une olive verte un peu oblongue, il sèche sur l'arbre et devient brunâtre. Le noyau, assez dur, contient plusieurs "amendons" aplatis.
Cette amande contient environ 50% de corps gras, extractible par pression parfois après légère torréfaction.

Composition moyenne simplifiée de l'huile d'argan selon le site des coopératives Targanine (targanine.com) :

Cette huile d'argan possède donc une composition assez voisine de celle de l'huile d'olive, mais avec un pourcentage un peu supérieur en acide linoléique.

L'huile d'argan est assez proche des recommandations actuelles pour une huile diététique :

EXTRACTION DE L'HUILE D'ARGAN

Jusqu'à récemment, l'huile d'argan était extraite et consommée localement en petite quantité. Pendant l'époque coloniale les graines d'arganier était récoltées et expédiées en Europe. L'huile d'argan, importée, était alors achetée (cher) par la population marocaine.

Dans les coopératives, les femmes procèdent en général de façon traditionnelle. Le travail est manuel, répétitif, lent, certains postes sont assez pénibles (le concassage par exemple), mais c'est une activité communautaire, entièrement féminine et rétribuée de façon équitable.
Les fruits arrivés à maturation sont récoltés et séchés au soleil. La pulpe est retirée et les noyaux sont brisés à l'aide de deux pierres (un marteau et une enclume). Les amendons sont légèrement torréfiés puis broyés dans une meule. La pâte obtenue est malaxée et pressée pour donner l'huile brute au goût de noisette. La pâte résiduelle (le tourteau) est un aliment pour les bovins, elle contient encore beaucoup d'huile (10 à 20%).

L'huile d'argan traditionnelle possède un goût d'amande grillée et une couleur ambrée, mais on peut aussi extraire de l’huile d'argan vierge extra non torréfié quasi incolore et sans odeur.

PROPRIETES ET UTILISATION DES HUILES D'ARGAN

L'huile d'argan traditionnelle est très apprécié pour son goût fin et noisetté, on l'utilise exactement comme de l'huile d'olive. Vu son prix elle est en général ajoutée en petite quantité dans les plats. C'est une huile diététique par son contenu en acide gras insaturé et qui a trouvé sa place dans la cuisine de luxe aussi bien en Europe qu'au Japon ou aux USA.
Cette huile artisanale peut s'utiliser en cosmétologie, mais on lui préfère, en général, l'huile provenant d'amendons non torréfiés.
Comme beaucoup d'huiles végétales, l'huile d'argan est un protecteur cutané, assouplissant les téguments, prévenant le dessèchement de la peau. Son contenu en vitamine E (tocophérol) permet de mieux lutter contre les radicaux libres en parti responsables du vieillissement de l'épiderme.
Les femmes berbères l'utilisent aussi pour donner du brillant et de la tenu à leurs chevelures, pour cicatriser les petites plaies et pour atténuer les cicatrices cutanées secondaires à l'acné ou à la varicelle.
Le fruit de l'arganier ainsi que son bois contiennent des saponines aux propriétés pharmacologiques intéressantes : anti-inflammatoires, analgésiques, antibactériennes. L'huile d'argan, normalement, ne contient pas ces saponines (2).
On trouve dans le commerce : de l'huile d'argan traditionnelle, de l'huile d'argan provenant d'amandes non torréfiées et de nombreuses préparations cosmétologiques contenant de l'huile d'argan (protection de la peau, soin cutané en général et plus particulièrement pour les peaux sèches et abîmées, crèmes hydratantes).

Le cas de l’arganier : Argania spinosa

L’arganier est un peu l’archétype de la plante médicinale traditionnelle. Une plante connue depuis longtemps par les populations indigènes mais négligée par les compagnies pharmaceutiques et les négociants en substances d’origine naturelle.
Une plante redécouverte et qui attire les convoitises des commerçants spécialisés dans les produits bio et naturels. Une plante qui, exploitée localement jusqu’au ‘produit ‘ fini, et avec l’aide d’ONG spécialisées, contribue au développement socio-économique d’une région agricole déshéritée.

Cultiver l’arganier

Des plantations pilotes existent au Maroc. Certaines ONG encouragent le reboisement en arganier des friches et de certaines zones de culture abandonnées dans la riche plaine du Souss . Dans cette plaine, où l’arganeraie était bien développée, des cultures industrielles irriguées de primeur ou d’agrumes ont épuisé le sol qui s’est de plus trop enrichi en sel. Les agronomes pensent que l’arganier pourrait être introduit dans des zones arides ou semi-désertiques possédant une nappe phréatique. L’Australie ou le Chili possèderaient des terrains propices à ce type de sylviculture.

Notes

1 - Site des coopératives targanine : https://www.targanine.com
2 - Saponines et métabolites secondaires de l’arganier (Argania spinosa) Cahiers d'études et de recherches francophones / Agricultures. Volume 14, Numéro 6, 509-16, Novembre - Décembre 2005, Synthèse https://www.jle.com/fr/revues/agro_biotech/agr/sommaire.md?cle_parution=1143&type=text.html

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